Jubilé du Coeur de Jésus : 20 octobre 2021 - 20 octobre 2022

Célébrer une Année jubilaire, c’est rendre explicite de manière contemporaine et efficace ce qui a été annoncé par Jésus à Nazareth: «L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, il m’a envoyé pour annoncer la libération aux captifs et la vue aux aveugles, pour donner la liberté aux opprimés et pour annoncer une année de grâce du Seigneur. » (Lc 4, 18-19) ; Ainsi, cette année jubilaire en l’honneur du Cœur de Jésus est une occasion de grâce spirituelle pour la Congrégation de Jésus et Marie dans ses efforts pour faire vivre et régner dans le cœur des hommes l’amour du Christ Rédempteur.

Déroulé des étapes de l'année jubilaire

 

PROGRAMME DES FESTIVITES JUBILAIRES DANS LA PROVINCE DE FRANCE

Week-end jubilaire au diocèse de Nevers.

  • Vendredi 17 juin : Conférence du Père Laurent TOURNIER, eudiste, recteur du séminaire Notre Dame de l'Espérance au relais paroissial Saint Laurent de Cosne sur Loire. Transmission en direct sur la page facebook de la Province.

  •  Dimanche 18 juin : Messe présidée par P. Pierre-Yves PECQUEUX, Supérieur Provincial, à la Charité sur Loire.

Messe jubilaire au diocèse de Versailles

  • Vendredi 24 juin, Monseigneur CREPY, eudiste, évêque de Versailles préside la Messe du Coeur de Jésus en la chapelle de l'établissement Saint Jean Hulst.

 

 

Fête du Cœur de Jésus

350ème anniversaire de la première célébration liturgique dans l’Eglise

du Sacré Cœur de Jésus par saint Jean Eudes

 

+ Luc Crepy cjm, évêque de Versailles

Homélie donnée en la chapelle de Saint Jean-Hulst le 24 juin 2022

 

 

Célébrer le Sacré Cœur de Jésus est une manière à la fois très simple et très forte de traduire l’amour de Dieu manifesté par le Christ Jésus, Fils de Dieu fait homme, révélant par le don de sa vie que Dieu est amour. Comme le dit saint Jean : « Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. » (1 Jn 4,9). Célébrer, fêter, honorer le Cœur de Jésus, c’est célébrer, fêter, honorer, dans l’action de grâce, l’amour de Dieu qui s’est manifesté et se manifeste pour chacun de nous et pour toute notre humanité. Voilà pourquoi, saint Jean Eudes, missionnaire infatigable, mettait au cœur de sa prédication le cœur de Jésus, ce cœur de Jésus dont le chemin passe par le Cœur de Marie.

 

« Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36, 26) « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 5) « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15,12) Paul Milcent, le grand biographe de saint Jean Eudes, écrit qu’à travers ces trois textes de l’Ecriture choisis par saint Jean Eudes, celui-ci célèbre un cœur nouveau, un cœur immense, un cœur transpercé[1].

 

Fêter et célébrer le Cœur de Jésus, c’est reconnaître et accueillir la nouveauté de la vie chrétienne. Saint Jean Eudes avait bien conscience de nos difficultés à aimer en vérité, de notre péché qui nous met loin de Dieu et des autres, de tout ce qui nous écarte de l’amour dans les différents domaines de notre vie. Les paroles du prophète Ezéchiel l’ont marqué profondément : Dieu seul peut nous offrir le renouvellement de nos cœurs en nous donnant la capacité, la force et la joie d’aimer. Dieu seul peut remplacer notre cœur de pierre qui a tant de mal à aimer, endurci de mille manières, par un cœur de chair c’est-à-dire un cœur vraiment humain, c’est-à-dire créé à l’image et à la ressemblance du cœur de Dieu… un cœur créé pour aimer. Célébrer le cœur nouveau qui nous est donné, c’est accepter cet appel à la conversion, jour après jour, pour que Dieu transforme notre regard sur les autres, augmente notre souci de plus pauvres et plus petits et nous apprenne à aimer sans compter. La nouveauté de notre cœur, c’est que notre cœur ne fasse plus qu’un avec le cœur de Jésus c’est-à-dire que nous apprenions à avoir les mêmes sentiments, la même compassion, la même bienveillance que le Christ dans notre vie ordinaire.

 

Un cœur nouveau, mais également un cœur immense. Saint Jean Eudes parle du « Grand cœur » de Jésus. Ainsi écrit-il à une des filles de la Charité : « Ma fille, savez-vous bien que vous avez deux cœurs, un grand et un petit ? Celui-ci est le vôtre, mais le grand est celui de notre bon Sauveur, qui est encore le vôtre, puisque le Père éternel vous l’a donné et que lui-même s’est donné à vous. Or c’est par cet adorable Cœur qu’il faut aimer Dieu, car que pouvez-vous faire avec votre petit cœur ? Dorénavant, dites donc : ‘Mon Dieu, je vous aime, mais avec et de tout mon grand Cœur…’ [2]» Cœur immense car, comme le dit saint Paul, par le don de l’Esprit Saint, l’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs. L’esprit nouveau dont parle Ezéchiel, c’est l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus qui nous est donné par notre baptême et notre confirmation. Un cœur immense parce que l’amour de Dieu est immense et sans fin. Apprendre à aimer toujours plus, toujours mieux.

Cœur nouveau, cœur immense, cœur transpercé… Aimer comme le Christ nous a aimés, c’est pour les disciples que nous sommes, être appelés à suivre notre Maître sur le chemin où il donne sa vie pour tous : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Dans nos vies, le chemin de l’amour croise, d’une manière ou d’une autre, le chemin de la Croix, par lequel il nous faut apprendre à renoncer à nous-même, à nous donner, à pardonner. C’est dans le cœur ouvert sur la croix que l’amour est victorieux du mal, de la violence et de la haine. C’est dans le cœur ouvert sur la croix que naît l’Eglise appelée à vivre et à témoigner de l’amour de Dieu manifesté dans le cœur humain de son Fils, ce cœur transpercé par la lance des hommes.

 

Cœur nouveau, cœur immense, cœur transpercé : nous pouvons méditer tout l’évangile avec cette image du cœur aimant de Jésus : Jésus avec les foules qui ont faim, Jésus attentif à ceux qui sont malades et exclus, Jésus proche de ses disciples, Jésus ami de Marthe, Marie et Lazare, Jésus qui sur la croix n’oublie pas Marie sa mère et la confie à son disciple Jean. Saint Jean Eudes représente le cœur de Jésus comme une fournaise d’amour – un cœur d’où sortent des flammes -, elle exprime l’amour comme un feu qui éclaire, qui purifie, qui brûle et qui transforme. En contemplant le Cœur du Christ, saint Jean Eudes affirme que rien n'échappe à la chaleur de son amour.

 

Il y a 350 ans, en 1672, en composant un Office et une Messe "de feu" qui vont traduire ce qu'il perçoit de l'amour dévorant et offert de Dieu, saint Jean Eudes a la joyeuse conscience d'innover dans l'Eglise, dans le respect même qu'il porte à la Tradition : "Cette nouveauté, c'est, entre autres, l'expression liturgique qu'il offrait pour la première fois. Il pensait que cela lui était donné par Dieu, et il en était à la foi confus et fier. Saint Jean Eudes avait un sens très fort de la tradition, mais il croyait de toute sa foi que Dieu ne cesse de créer du neuf et d'inventer un avenir inédit. Cette réflexion le confortait dans sa propre mission d'innovation liturgique[3]"

 

Ainsi après avoir offert en 1648 à la liturgie de l’Eglise le culte du Cœur de Marie, 24 ans plus tard il offre à toute l’Eglise le culte liturgique du Cœur de Jésus[4]. Il n’aura de cesse de rappeler combien Marie conduit à son Fils et combien le cœur de Jésus et de Marie ne font qu’un. Laissons les derniers mots à saint Jean Eudes : « Le Cœur de Jésus est à vous parce que le Père éternel, en vous donnant son Fils, vous a donné le Cœur de son Fils ; parce que ce même Fils vous l'a donné en se donnant soi-même à vous et parce qu'il a voulu être votre chef... Le Cœur de Marie est à vous parce que Jésus vous l'a donnée pour être votre Mère et que ce qui est à la mère est aux enfants... » (O. C. VI, pp. 261-262).

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[1] Paul Milcent, Saint Jean Eudes, un artisan du renouveau chrétien au XVII° siècle, Paris, Cerf, 1992, pp.449 ss.

[2] Idem, cité p. 452.

[3] idem pp.455-456.

[4] Lors de la béatification et de la canonisation de Jean Eudes, l’Eglise le déclare « père, docteur et apôtre du culte liturgique des Cœurs de Jésus et de Marie. »

 

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