Saint Jean Eudes : Un itinéraire spirituel vers le Cœur de Jésus

[1]Qualifié par Pie X (puis par Pie XI, lors de la canonisation de 1925, conjointement avec celle de Jean-Marie vianney) d'Auteur du culte liturgique des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie (Bref du 6 janvier 1903), puis de Père, Docteur et Apôtre de la dévotion aux Sacrés Cœurs (Pie X, toujours, le 11 Avril 1909) Jean eudes reste, aujourd'hui encore, un saint trop méconnu. Qui donc est cet homme ? Et comment en est-il venu à condenser sur le Cœur de Jésus le meilleur de son itinéraire spirituel de chrétien, de prêtre, de missionnaire, de fondateur ? Telles sont les deux questions conjointes que l'on va se proposer de traiter ici, en retraçant de la façon la plus vivante possible le portrait du Père eudes, à travers les jalons les plus marquants de son existence.

 

QUI EST CET HOMME ?

Arrêtons-nous, à titre introductif, à trois brèves notations :

* C'est un homme du XVIIè siècle. Né le 14 novembre 1601, mort le 19 août 1680, Jean eudes aura traversé, au cours d'une existence assez longue, ce qu'il est convenu d'appeler en France « le Grand Siècle ». Grand Siècle ? Oui, sans doute, quand on y observe l'étonnante floraison des idées, des lettres, des sciences, des techniques, des arts, et quand on fait le compte, exceptionnel des génies qui s'y sont illustrés. Mais ce n'était pas, loin s'en faut, le « Grand Siècle » pour tout le monde. Rappelons simplement quelques traits bien connus :

A l'intérieur, la France connaît, de manière assez endémique, misère, disettes, révoltes durement réprimées, impôts, épidémies... Les troubles intérieurs la minent, dès l'enfance de Louis XIII, et le travail pacificateur de richelieu (qui prend le pouvoir en 1624) sera tout aussi bien un travail « répressif»... Ajoutons-y le temps de Frondes chez les grands, sous mazarin, Fronde du Parlement (1648-1649), Fronde des Princes (1650-1653)... N'oublions pas non plus à quel point nous sommes dans un monde d'ordre, fortement hiérarchisé dans tous les rouages de la société ; l'avènement de Louis XIV, si tardif qu'il soit (sacre royal le 7 Juin 1654 à Reims) inaugure le règne sans partage d'un monarque absolu (qui se prolongera jusqu'en 1715) : le Roi-soleil, véritable chef du « corps mystique » que forme son royaume, exige de tous ses sujets fidélité et hommage sans failles.

A l'extérieur, les guerres, qui débouchent certes sur des victoires et des traités, sont des guerres longues (ainsi, la guerre de Trente Ans, contre les Habsbourg), dont le coût est, comme toujours, très élevé.
Non, ce n'est pas le « Grand Siècle » pour tout le monde ! Ce bref constat appelle, par provision, deux remarques quant à la « découverte » du Coeur de Jésus par S. Jean eudes : tout d'abord, face à tant de duretés, va s'exercer chez lui une coura­geuse défense des gens écrasés - ceux qu'il appelle avec force les « indéfendus » -, et cette vigoureuse attitude pastorale, il ira la puiser de plus en plus au mystère inouï de la Miséricorde : « est miséricordieux celui qui porte dans son cœur la misère des misérables… » Ensuite, à titre au moins d'hypothèse à ne pas négliger, sous les espèces de la dévotion au Cœur de Jésus, c'est aussi l'imposante structure hiérarchique de l'ordre social et politique - et pourquoi pas religieux - qui sera comme subvertie et déconstruite par un symbole puissant et « populaire », où l'accès au monde de l'amour divin est également offert et garanti à tous... Sans avoir le génie spéculatif de pascal, Jean eudes sent, de tout son instinct pastoral, que la charité sera toujours d'un autre ordre que celui des esprits et des corps

* c'est un Normand authentique... Né à Ri, près d'Argentan, mort à Caen, allant de l'Orne au Calvados (comme la « petite Thérèse », deux siècles plus tard, ira d'Alençon à Lisieux), issu de la moyenne paysannerie, c'est un homme du terroir, plutôt économe, organisateur pointilleux, et qui ne badine pas avec les choses importantes de la culture normande. Prenons ici un exemple bref et savoureux, en appréciant la façon dont l'office du « Dépensier », tel qu'il est décrit dans les Règles et Constitutions Primitives des Eudistes à propos du... cidre (!), est abordé par lui avec un soin extrême :
« // fera mettre les tonneaux de cidre sur de gros bois carrés, assez haut afin qu'ils ne se pourrissent pas, étant trop proches de la terre, et assez éloignés de la muraille afin que l'on puisse passer par derrière quand il en sera besoin. Il les fera aussi placer de telle sorte qu'il y ait un espace de quatre doigts entre eux, afin que l'on puisse en tirer quelqu'un s'il est nécessaire. Il mettra des billets sur chaque tonneau, pour marquer si c'est gros ou petit cidre et le temps qu'il est fait » (OC, LX, p. 553)[2]>-

* c'est - surtout ! - un Normand qui n'a dit que oui
(Raymond deville). Si Jean eudes nous séduit aujourd'hui encore, comme saint et comme maître spirituel, c'est parce nous découvrons en lui, avant toutes choses, un témoin passionné de l'Évangile. Il n'a dit que oui (cf. 2 Co 1,19-20) : cette formule résume bien, effectivement, ce que l'on voit à l'œuvre chez lui de façon de plus en plus patente, ce que l'on touche presque du doigt : progression d'une véritable conversion, décentrement de soi, croissance dans la grâce, disponibilité de plus en plus dé­pouillée, de plus en en plus effective, aux appels de Dieu. Dire « oui » en ce sens, ainsi qu'il l'exprime lui-même, ce sera toujours identiquement « Chercher en tout la volonté de Dieu ».

Sur ce point, avouons-le, Jean eudes est loin d'être un isolé : sur le terrain religieux, chrétien, spirituel, le XVIIe siècle mérite ici vraiment son surnom. C'est le « Grand Siècle des âmes » le siècle, comme le dit Henri bremond de la « conquête mystique ». Et pourtant, là non plus, ce n'est pas si simple : en toile de fond de ce magnifique renouveau, persiste le souvenir des guerres de religions qui ont déchiré la France dans la dernière partie du XVIe siècle, et qui l'ont laissée chrétien­nement exsangue. Et, tout au long du siècle, l'équilibre des forces reste précaire : l'Édit de Nantes de 1598 où Henri IV accorde la paix civile et la tolérance aux Réformés, sera, comme on le sait, révoqué par Louis XIV en 1685 à Fontainebleau...

Pour le P. eudes, les affrontements assez fréquents avec les protestants - et avec les jansénistes - seront source d'épreu­ves relativement cruelles. De façon générale, il faut d'ailleurs noter que sa vie publique n'a jamais été facile : de nombreuses cabales ont été montées contre lui, il a rencontré sur sa route des adversaires puissants, ses projets ont été souvent contra­riés. Il reste pourtant sans amertume : de même que, du côté des hommes, Jean eudes, ainsi que nous l'avons déjà noté, se dilate de plus en plus dans le sens de la miséricorde, de même, envers Dieu, domine chez lui, au cœur même des pires difficultés, une attitude d'action de grâces de plus en plus prononcée.

Jean eudes, ce Normand qui n'a dit que oui, est au fond un homme qui, tout au long de sa vie, se décrispe sous la grâce, en s'ouvrant au « Cœur de Dieu ». Comment suivre à la trace un tel itinéraire ? Il se trouve que nous avons la chance d'avoir pu conserver de lui quelque chose comme son « Journal de bord », un écrit, rédigé au fil des années, qui constitue une sorte de « mémoire vive » de toutes les grâces qu'il a reçues dans sa vie, et qu'il a précisément intitulé le Mémorial des bienfaits de Dieu… Un titre pareil ne trompe pas, et, dans les extraits que nous allons citer, il sera facile de reconnaître au fil du texte un usage abondant et constant du vocabulaire de bénédiction et d'action de grâces !

C'est en nous appuyant très librement sur ce Mémorial que nous allons maintenant entrer dans le vif du sujet et reconstituer l'itinéraire spirituel du P. eudes jusqu'au Cœur de Jésus. Pour la commodité de l'exposé, nous avons choisi de distinguer neuf étapes.


1ère ÉTAPE : La découverte du mystère de Dieu


« Étant dans une paroisse où il y avait très peu d'instruction pour le salut et où très peu de personnes communiaient plus souvent qu'à Pâques, j'ai commencé, à l'âge de douze ans environ, à connaître Dieu, par une grâce spéciale de sa divine bonté et à communier tous les mois après avoir fait une confession générale ; et ce fut en la fête de la Pentecôte qu'il me fit la grâce de faire ma première communion,
Gratias Deo super inenarrabili dono ejus.
En suite de quoi, il me fit aussi la grâce, peu de temps après, de lui consacrer mon corps par le vœu de chasteté, dont il soit à jamais béni » (Mémorial n° 6, OC XII, 105).

Ce premier extrait du Mémorial auquel nous nous arrêtons a quelque chose d'émouvant, de grave et de frais à la fois : un jeune garçon s'éveille au mystère de Dieu, et il traduit immédiatement cette découverte dans une fidélité régulière aux sacrements de l'Église, ainsi que dans une consécration personnelle sobrement décrite. Ces lignes suggèrent aussi qu'ayant reçu la grâce d'une longue vie, et l'ayant remplie à fond au service du Christ et de son Église, le P. eudes a su rester fidèle au « Dieu de sa jeunesse ». Nous verrons que lorsqu'il en viendra à parler du « Cœur », il n'oubliera jamais d'y inscrire le mystère du temps. Rien en nous qui ne doive prendre forme d'histoire : expérience d'ouverture et de mûrissement que Jean eudes a su faire. Sa marque propre, ici, est sans doute d'avoir pressenti que savoir faire mémoire du Dieu de sa jeunesse, c'est identiquement reconnaître que, sous la grâce, il est interdit de vieillir, car on ne s'habitue pas à Dieu.


2ème ÉTAPE : La découverte du mystère de l'Incarnation
(25 Mars 1623)


« J'ai été reçu et suis entré dans la Congrégation de l'Oratoire, en la maison de Saint-Honoré à Paris, par son fondateur le Révérend Père de Bérulle, l'an 1623, le vingt-cinq de mars.
Benedicamus Jesum Filium Mariae, et Mariam Matrem Jesu. Laudemus et superexaltemus eos in saecula » (Mémorial n° 10, OC XII,106).

En entrant à l'Oratoire de France, créé par bérulle en 1611, le jeune Jean eudes va apprendre au moins trois choses auprès de celui qui sera, de façon décisive, son grand maître spirituel :

- L'homme est créature, radicale dépendance de Dieu. L'homme, ce « néant capable de Dieu », est apte à L'adorer, à L'aimer, à Le servir.

- Jésus, entrant dans le monde comme Fils, est à lui seul un monde, un monde nouveau. Il est Celui qui va conjoindre la liberté d'homme la plus haute avec la dépendance la plus radicale, en obéissant au Père, par amour, d'un bout à l'autre de sa vie. Jésus est « le parfait adorateur du Père ». He 10, 5-9, reprenant le Ps. 39 (40), 7-9, sera ici un texte-clé, vraiment décisif : Jean eudes s'en inspirera pour l'antienne d'ouverture de la messe du Cœur de Jésus.

- la vie chrétienne consiste alors à « continuer et accomplir » toutes les dimensions du mystère filial de Jésus. Chaque chrétien est appelé à donner forme à ce mystère - à former Jésus en soi, dira le P. eudes en s'inspirant fréquemment de Ga 4,19 ; mais il doit le faire de façon singulière et à chaque fois unique : ici, personne ne ressemble à personne. Là encore, en chaque chrétien qui continue et accomplit le mystère de Jésus, c'est un monde nouveau qui s'inaugure.
Avec ce point décisif de l'Incarnation où la vie chrétienne a sa source, tout, au fond, est en même temps déjà dit. Comment s'étonner, dès lors, que la date du 25 Mars soit devenue pour Jean eudes un puissant chiffre-symbole, apte à désigner les vrais commencements et les grandes décisions qui comptent dans une vie d'homme[3] ? On peut dire que tout ce qu'il célébrera ensuite du Cœur de Marie puis du Cœur de Jésus, restera à jamais marqué par cette ferveur des commen­cements, en ce point précis où le mystère de Dieu s'inscrit dans la chair et dans le corps de l'humanité. Comment s'étonner, également, que Jésus soit pour le P. eudes le nom tout simple qui résume tout ? Cœur de Jésus, et non pas Cœur du « Christ », l'expression est constante chez lui... On peut, certes, objecter que la différence dans l'usage de ces mots est bien mince, que « Jésus » est bien le « Christ », et qu'on ne saurait séparer ce que Dieu et la foi des hommes ont uni ! Il n'empêche qu'il convient de respecter pour lui-même l'emploi insistant du nom de Jésus chez Jean eudes, signe que l'intuition spirituelle, chez lui, trace un chemin d'histoire et de foi sans équivoque. Le Jésus de l'histoire c'est identiquement « le » Jésus de la foi, le Jésus vivant et régnant aujourd'hui dans le cœur des baptisés, c'est bien le Dieu-Fils « qui a aimé avec un cœur d'homme » (cf. Gaudium et Spes 22, 2).


3ème ÉTAPE : 1632, la découverte de l'Évangile comme puissance divine de salut

« L'an 1632, je fus employé aux missions dans le diocèse de Coutances, à Lessay, à Périers, à Saint-Sauveur le Vicomte, à la Haye-du-Puits, à Cherbourg, à Montebourg.
Cantate domino cantieum novum, cantate Domino omnis terra » (Mémorial n° 20, OC XII.108)

La notation du Mémorial est ici brève et précise ; la date et les noms de lieux sont soigneusement relevés. Ordonné prêtre le 20 décembre 1625, le jeune père eudes vient d'enta­mer une extraordinaire activité de missionnaire. Comme Oratorien d'abord, comme fondateur de sa propre Congrégation ensuite, il ne donnera pas moins de 117 missions avec ses confrères, jusqu'en 1676 ; soit 44 années sur la brèche, jusqu'à 75 ans, à pied, à cheval, en voiture, en Normandie, en Bretagne, dans l'Ile de France, en Bourgogne... Ce n'est pas un hasard si la plus grande partie du Mémorial relate précisément ces missions données partout, et si les Constitutions primitives des Eudistes vont octroyer une très large place à ces « exercices des missions »...

De quoi s'agit-il ? S'il est vrai que chaque chrétien doit continuer et accomplir la vie de Jésus, il faut le lui dire, le lui montrer, le lui rappeler : le renouvellement de la vie chrétienne passe par une catéchèse sur le vrai visage de Dieu révélé dans l'Évangile, et par l'appel inlassable à la conversion (la confession sacramentelle à un prêtre étant alors considérée comme le « sommet » de la mission). Jean eudes se fait donc prédicateur et confesseur infatigable (« lion en chaire, agneau au confes­sionnal », dira-t-on de lui), très attentif à la vie concrète et quotidienne des personnes, puisque c'est là, pas ailleurs, que se joue leur salut ; et pour donner force au qualificatif qui rassem­ble ces divers aspects, il signera d'ailleurs bientôt fièrement ses lettres : Jean eudes, prêtre-missionnaire.

Le constat devient clair : c'est précisément au foyer de cette intense activité missionnaire que Jean eudes va se forger de plus en plus fortement l'idée de rassembler sous le symbole du Cœur tout ce qu'il découvre et tout ce qu'il prêche de l'amour de Dieu. Nous allons le voir (cf. infra, étape 7), c'est justement à la fin d'une mission que sera liturgiquement célébrée pour la première fois dans l'Église la fête du Cœur de Marie.

 

4ème ÉTAPE : 1637, la découverte de la vocation durable du baptisé

Cette année-là (sans s'y référer dans son Mémorial), Jean eudes fait paraître Vie et Royaume de Jésus dans les âmes chrétiennes (le livre aura grand succès et connaîtra plusieurs rééditions de son vivant). Pourquoi cet écrit ? Il a alors 36 ans, il est ordonné depuis 11 ans : on peut dire qu'est venue pour lui l'heure d'une première mise en forme spirituelle de ses décou­vertes de prêtre-missionnaire.

Puisque l'Incarnation s'inscrit dans la vie des baptisés, tous les baptisés, quel que soit leur état de vie, doivent mener tout au long de leur existence la vie sainte de Jésus : Vie et Royaume est donc d'abord un magnifique plaidoyer en faveur du baptême, ce sacrement somptueux et, dit le P. eudes, « si oublié de nos jours ». Par ce porche royal, c'est toute la vie chrétienne qui est revisitée sous le signe de ce « mystère du temps » auquel, nous l'avons vu, Jean eudes est si sensible : puisque le temps nous est donné, il n'y a pas de « temps à perdre »; durer dans la condition humaine, c'est identiquement durer dans la vocation chrétienne. Chaque instant compte : dans la vie comme dans la mort, le baptisé appartient à Jésus ; il peut et il doit, là où il est, se faire participant de ses « états et mystères », les continuer, les accomplir : telle sera l'essence de l'agir chrétien, la Vie authentique.

Mais pour accorder la Vie au Royaume, il ne s'agit pas seulement pour nous d'agir comme Jésus : la vie chrétienne n'est pas une pure et simple imitation ; il ne s'agit pas seule­ment d'agir par Jésus, Celui qui, nous donnant l'Esprit-Saint, reste principe et source de nos activités ; il faut encore agir en Lui : On le voit, toujours dans la ligne bérullienne, un certain exemplarisme de type dionysien est bel et bien dépassé, ou, du moins, subverti par la nouveauté même de la vie baptismale. Le « cœur », dès lors, sera ce lieu où nous pourrons laisser se déployer activement le mystère d'une intériorité réciproque entre Jésus et nous : Jésus nous « conforme » à son mystère et nous « formons » Jésus en nous (toujours cet appui constant sur Ga 4,19...). Le Royaume intérieur devient alors notre vraie patrie.


5ème ÉTAPE : 1641, l'inscription de la miséricorde : fondation de Notre-Dame de Charité du Refuge

« […]En cette même année 1641, Dieu m'a fait la grâce de commencer l'établissement de la Maison de Notre-Dame de la Charité, le jour de la Conception Immaculée de la très sainte Vierge. Deo gratias » (Mémorial n ° 35, OC XII, 112).

Au cours de ses missions, le Père eudes a rencontré nombre de femmes et de jeunes filles meurtries par l'existence, battues, abandonnées, livrées à la prostitution. Alors, après le temps des découvertes, vient pour lui celui des fondations. Notre-Dame de Charité, nouvel institut aux débuts fort modes­tes et fort laborieux, sera pour ces femmes un véritable « refuge », un havre de paix et de miséricorde où une vie humaine digne de ce nom pourra se recomposer lentement. Jean eudes tient tellement à cet aspect des choses qu'il invente pour les Sœurs appelées à rejoindre l'Institut un 4e vœu, qu'il va intituler le vœu du « zèle du salut des âmes »...

De telles décisions, qui exigent courage et ténacité pour s'inscrire dans les faits, continuent de nous diriger sur le chemin du Cœur, que Jean eudes commence à suivre mainte­nant d'une façon de plus en plus explicitement formulée. Voilà en tout cas cet homme, au caractère un peu rude, de plus en plus happé (comme nous l'avons déjà signalé au début de cette étude) par le mystère bouleversant du Dieu de miséricorde. Tout en se battant pour que vive et se développe son Institut en faveur d'un monde féminin écrasé de souffrance, le P. eudes n'aura de cesse d'élargir son regard en direction de tous les « indéfendus », comme en témoignera encore son tout dernier livre (cf. infra, étape 9) : « Mère de miséricorde, regardez tant de misères, tant de pauvres, tant de captifs et tant de prisonniers, tant d'hommes qui sont persécutés par la malice des hommes, tant d'indéfendus, tant d'esprits affligés, tant de cœurs angoissés… » (Le Cœur admirable de la très sacrée Mère de Dieu, OC, VII, 33).


6ème ÉTAPE : 1643, l'inscription du charisme de formation. C'est la fondation, le 25 Mars (précisément) de la Congrégation de Jésus et Marie (Mémorial, n° 33 et 37, OC XII, 111 et 12-113).

(33) « En cette même année 1641, Dieu me fit la grâce de former le dessein de l'établissement de notre Congrégation, dans l'Octave de la Nativité de la sainte Vierge. »
(37) « L'an 1643, Notre-Seigneur et sa très sainte Mère nous firent la grâce, par un excès de bonté, de commencer l'établissement de notre petite Congrégation, le 25è de Mars, jour auquel le Fils de Dieu s'est incarné, et la sainte Vierge a été faite Mère de Dieu ».
Sacrosanctae Trinitati, Christi Jesu humanitati, Virgims Matris fœcunditati, et omnium Sanctorum universitati, sit sempiterna laus, honor,virtus et gloria, ab omni creatura, per infinita saecula saeculorum. Amen. »

Ces deux extraits du Mémorial évoquent donc l'autre grande fondation du P. eudes. Il faut ici se souvenir que, durant toute sa vie apostolique, Jean eudes a voulu célébrer à la fois la grandeur du baptême et celle de la prêtrise, décou­vertes l'une et l'autre auprès de bérulle. Aucune concurrence, bien évidemment, entre les deux : aux yeux du P. eudes, c'est précisément afin que les baptisés mènent une existence digne de la suite de Jésus, qu'il faut à leur service, avec eux et pour eux, des « pasteurs selon le Cœur de Dieu ». L'expression a de la force, et Jean eudes la développe avec vigueur : il veut des prêtres qui soient, par tout leur ministère, « une image vive de Jésus-Christ en ce monde, et de Jésus-Christ veillant, priant, prêchant, catéchisant, travaillant, allant de ville en ville et de village en village, souffrant, agonisant, mourant et se sacrifiant lui-même pour le salut de toutes les âmes créées à son image et à sa ressemblance » (Mémorial de la vie ecclésiastique, OC III, 31).

C'est, en d'autres termes, pour qu'il y ait des chrétiens mieux formés et plus conscients de leur grâce baptismale qu'il faut aussi à l'Église des prêtres mieux formés et plus aptes à remplir leurs fonctions pastorales : cette double perspective éclaire la décision que Jean eudes (qui est toujours jusque là prêtre oratorien !) commence à concevoir en 1641 et qu'il traduit dans les faits en 1643, de fonder une Congrégation Nouvelle, dont les membres seront destinés à la fois aux Exercices des Missions et aux Exercices des Séminaires. Le coup de génie, le coup d'audace est là : les formateurs sont aussi des évangélisateurs, et réciproquement : tels sont les vrais pasteurs selon le Cœur de Dieu. Et l'existence chrétienne, telle qu'elle continue et accomplit la vie de Jésus, ne se divise jamais.


7ème ETAPE : 8 Février 1648, institution de l'Office et de la Messe du Cœur de Marie

Jean eudes a maintenant 47 ans, il garde toujours au cœur le Dieu de sa jeunesse et il a déjà derrière lui une intense activité de prêtre et de missionnaire. Quel est le secret de sa vitalité, de sa soif de prêcher l'Évangile de façon infatigable ? C'est l'amour, bien sûr, mais tel qu'il peut maintenant commen­cer à en lire de façon plus mûre la source et les effets : c'est cet « amour de Dieu » (aux deux sens du génitif), déjà si souvent contemplé dans la prière et si souvent mis en œuvre dans la pratique apostolique, que le P. eudes va maintenant ressaisir avec émerveillement sous l'angle, ô combien mariai, de la disponibilité, de la gratitude - cette mémoire heureuse - de la miséricorde… Des ébauches « trottent » dans sa tête, peut-être déjà depuis 1641 ; depuis 1643 en tout cas, depuis que sa petite Congrégation de prêtres existe, circule un Office en l'honneur du Cœur de Notre Dame, fruit probable de la rencontre entre Jean eudes et une femme assez mystérieuse qu'il admirait beaucoup, Marie des vallées la « sainte mystique » de Coutances ; reste que le projet qu'il conçoit alors porte aussi, et largement, la marque du neuf et de l'inattendu.

C'est donc en 1648, à la fin de la grande mission donnée à Autun, que le P. eudes va concentrer toutes les découvertes déjà engrangées dans un grand trésor, le Cœur de MarieLe trésor inappréciable, la plus décisive de toutes les grâces que le P. eudes ait jamais reçues, c'est le Cœur admirable de Marie » écrit Mme Oda schneider devenue carmélite à Graz, dans Der Prophet des Herzens, Wien, 1947 pp. 40-41). C'est là qu'il décide impromptu de faire imprimer l'Office et la Messe du saint Cœur de Marie : culte liturgique, public. Une grande première dans l'Église, dont Jean eudes se sent « à la fois confus et fier » (Paul milcent).

Mais pourquoi donc Marie ? Parce que Marie est la femme du Fiat et du Magnificat, celle qui a dit Oui ; Marie « conferens in corde suo »… : personne mieux qu'elle n'a pu vivre la vie chrétienne comme participation à la vie de Jésus, comme continuation et accomplissement de la vie de Jésus. C'est encore de bérulle que Jean eudes avait appris à quel point Marie est « pure capacité de Jésus » ; et déjà dans Vie et Royaume, la configuration christologique de sa dévotion à Marie apparaissait en toute netteté : d'elle-même et par elle-même, Marie n'est rien, mais son Fils Jésus est tout en elle : il est son être, sa vie… L'aboutissement liturgique d'Autun est, sous cet aspect, fort logique : célébrer le Cœur de Marie, c'est célébrer Jésus, vivant et régnant dans le cœur et la vie des hommes. Le Cœur de Marie, c'est Jésus.

Le Cœur de Marie est donc pédagogiquement présenté et liturgiquement fêté (avant le Cœur de Jésus) comme étant ce lieu où l'on peut lire à livre ouvert ce que peut et doit être la vraie vie menée en Jésus (notons au passage que cette image du « livre de vie que nous devons sans cesse étudier » reviendra dans Le Cœur admirable de la très sacrée Mère de Dieu, OC, VIII, 133)... On le voit - et il convient d'y insister -, il ne s'agit point ici d'une fête « maternelle ». Tout reste centré sur Jésus. Contempler Marie conferens in corde suo, c'est voir où mène une vie qui « forme » Jésus dans sa propre histoire et dans celle des hommes.

De plus, que cette fête du Cœur de Marie prenne figure liturgique, publiquement célébrée, voilà un fait de grande importance sur lequel il convient également d'insister. Le trésor découvert est d'un coup mis à la disposition de tous. Tous ont accès au Cœur de Marie, tous donc, ont accès à Jésus. Il y a là, chez le P. eudes, une belle intuition pastorale : sans doute faut-il y voir à nouveau quelque chose comme une traduction populaire du nouvel exemplarisme bérullien, subvertissant le Pseudo-Denys là-même où il lui emprunte beaucoup. La logique de participation par diffusion n'est certes pas oubliée : le rayonnement du bien y va toujours du « plus riche » au « moins riche », selon une économie du don qui permet de ne pas durcir en régime de « concurrence » le réseau des relations qui se tissent entre Dieu et les hommes. Mais des mots reviennent et reviendront souvent pour désigner le Cœur de Marie : proto­type, exemplaire, modèle, règle vivante, etc... et ces termes s'adressent aux baptisés ! Ils ont pour fonction d'exprimer toute la richesse de l'amour de Dieu envers chacun de nous, et de permettre réciproquement à chaque chrétien d'exprimer lui-même sa vie en Dieu, à proportion de son aptitude à participer au don qui lui est fait - « selon la perfection que Dieu donne et demande à chacun… »


8ème ETAPE : 20 Octobre 1672, célébration de l'Office et de la Messe du Cœur de Jésus

« En l'année 1672, j'ai presque toujours été dans les croix, parmi lesquelles la divine Bonté m'a fait tant de grâces, que je pourrais dire : Repletus sum consolations, superabundo gaudio in omni tribulatione mea. Circumdederunt me canes multi, etc. Pater, dimitte illis. » (Mémorial n° 94, OC, XII, 129).

Nous voici quasiment parvenus au terme de notre itinéraire. Jean eudes est maintenant septuagénaire, il vient de passer une année difficile où épreuves et adversités ont été ses compagnes de route. "J'ai presque toujours été dans les croix". Mais il est désormais capable de tout transmuer en action de grâces ; et voici enfin qu'il met - une fois encore en forme liturgique, c'est-à-dire festive et publique, comme un trésor confié à tout le monde - le secret qui l'a guidé et soutenu toute au long de sa vie, et qui lui apparaît maintenant en toute clarté : Tout est donné dans le Cœur de Jésus, cette « fournaise de charité », ce lieu absolument unique et absolument repérable entre tous, où Dieu révèle aux hommes l'immensité d'un amour sans rivages et où les hommes deviennent à leur tour capables de venir se loger - il y a place pour tous - afin d'aimer Dieu filialement, en allant jusqu'au bout de leurs forces vives. Cœur de Jésus, amour « révélé » : Dieu n'est plus le Dieu caché ; en ce XVIIè siècle finissant, à l'heure où « Dieu se voile en Occident » (Michel de certeau) Jean eudes vient de (retrouver un symbole fort, universel, pour parler aux petits et aux grands de l'Amour infini, exposé au grand jour.

Mais qu'est-ce-donc que l'amour ? Qui nous aime, et qui aimons-nous, lorsque nous nous laissons aimer et lorsque nous aimons ? Pour Jean eudes, l'amour du Père nous vient ici par le Fils, par Jésus : voilà pourquoi, dans le Cœur de Jésus, l'amour est saisi en permanence sous l'angle d'une disponibilité filiale et courageuse, appelée à se traduire toujours et encore dans des actes concrets. L'obéissance, librement consentie, est bien la figure de la liberté créée qui correspond au mieux au mystère du Fils éternel entrant dans notre histoire. Obéissance prompte, active, exacte : obéir, pour le parfait Adorateur du Père, Amour qui se reçoit intégralement du Père, c'est aimer de façon dynamique, à même un chemin d'histoire humaine. Pour reprendre ici une célèbre distinction de Saint vincent de paul l'amour qui se dévoile dans le Cœur de Jésus n'est pas seulement affectif, il est aussi et surtout effectif. Bref, l'amour, cela s'exerce : disponibilité filiale et courageuse, inlassablement active. Voilà pourquoi dans l'Office et la Messe composés par Jean eudes, s'il n'y a certes aucun sentimentalisme, aucune mièvrerie, il faut également noter qu'il n'y a aucun aspect « sanglant » », « sacrificiel ». Jésus a du cœur, du cœur à l'ouvrage. Il vient dans le monde pour faire la volonté du Père (nous retrouvons les passages d'Écriture déjà évoqués : Ps 39 ; He 10, 2 ; 2 Co 1,19-20). Si le Cœur est bien un lieu pour la mémoire heureuse, pour l'action de grâces et la miséricorde, c'est en tant que l'amour, disponibilité permanente, ne se disjoint jamais d'un impératif de réalisation. On ne fait pas provision d'amour. On n'aime pas non plus par procuration. On aime, effectivement, ici et maintenant.

Et ce qui émerveille le P. eudes, c'est que tout chrétien, de par son baptême, peut vivre accordé à ce Cœur immense qu'est le Cœur de Jésus. Chaque chrétien peut et doit vivre « Corde magno et animo volenti ». Ce Cœur « est à nous » : « Ne vous contentez pas d'aimer Dieu avec votre cœur humain ; cela est trop peu de chose, cela n'est rien ; aimez-le en tout l'amour de votre grand Cœur »… (Le Cœur admirable... OC, VI, 264) Un Cœur qui est à tout le monde, pour tout le monde, un Cœur que chacun peut faire sien autant que tous les autres. Chaque chrétien peut donc, comme Jésus, par Lui et en Lui, unir dans la douceur et la patience sa volonté - cette « faculté spirituelle dont le propre est d'aimer » - à la très douce volonté du Père.

Ne nous étonnons donc pas si Jean eudes, même « dans les croix », a annoncé et célébré cette fête du Cœur de Jésus, cette messe « au cœur de feu », avec une allégresse communicative : certes, il y a les épreuves, les échecs, les difficultés, le péché ; mais il y a surtout ce Cœur qui nous est donné comme Cœur qui aime Dieu et les hommes, et comme Cœur où nous pouvons à notre tour aimer Dieu et les hommes. Le symbole du Cœur de Jésus et (de) Marie permet en définitive au P. eudes d'unifier les « états et mystères » : l'intérieur est la face de la disponibilité permanente, s'exprimant à l'extérieur comme accomplissement effectif du mystère, dans un ensemble toujours nouveau de gestes actifs qui créent hic et nunc l'événement d'amour en ses composantes inépuisables... En logeant sa vie dans ce double grand Cœur, le chrétien peut donc s'enraciner dans une demeure stable, être en « état » de... et il peut, en cela même, marcher toujours, en continuant d'inventer sa partici­pation active au mystère.

Donc, non pas provision, non pas procuration, mais participation qui m'invite et me requiert ; je ne contemple que pour recevoir le don d'inventer l'amour, moi aussi... En accor­dant ma vie au rythme du Cœur de Jésus, je m'accorde au vrai tempo de l'amour ; je ne rêve pas d'amour déjà passé ou encore à venir, je vis au « participe présent » de la grâce ma vie spirituelle, continuant, accomplissant, formant, faisant vivre et régner Jésus en moi, consommant ce mystère jusqu'à mon dernier souffle. Fêter le Cœur de Jésus, c'est s'ajuster au mystère du temps ; aimer au participe présent, c'est faire de la durée de l'existence le lieu effectif d'accomplissement de notre vocation. L'amour devient cœxtensif à notre histoire.

Voilà en tout cas une façon active, dynamique, d'entrer déjà dans l'éternel, qui n'est pas sans retrouver l'intuition augustinienne de l'intensio-extensio : vivre accordé au Cœur de Jésus c'est aimer en liberté, intensément et extensivement, à la confluence exacte d'une « fine pointe unificatrice » qui est iden­tiquement source immense et inépuisable de notre « vouloir-pouvoir-devoir » aimer finalement en liberté.

9ème ÉTAPE : 1680, Nunc dimittis…

« Aujourd'hui, vingt-cinquième de juillet de la même année 1680, Dieu m'a fait la grâce d'achever mon livre du Cœur admirable de la très sacrée Mère de Dieu.

O sacrosancta Trinitas, AEterna vita cordium, Cordis Mariae sanctitas : In corde regnes omnium. Amen » (Mémorial n° 105 OC XII.135).

C'est sur ces lignes que s'achève le Mémorial. Jean eudes est maintenant un vieil homme. Il a encore quelques quatre semaines à vivre. Face à la mort qui vient, il a eu la force de « boucler » cet énorme livre (qui paraîtra en 1681), ouvrage presque illisible, mais débordant d'amour et de lyrisme, qui s'intitule donc Le Cœur Admirable de la Très Sacrée Mère de Dieu, et dont nous avons cité quelques extraits, chemin faisant. La qualité littéraire du livre et sa composition d'ensemble laissent parfois à désirer : nous sommes face à une « véritable somme d'un développement considérable et d'un intérêt assez inégal » (Louis cognet). Mais l'essentiel n'est pas là : ce livre est un chant, un testament, un monument émouvant jusque dans ses longueurs et ses lourdeurs : « nunc dimittis » d'un être éperdu de reconnaissance envers Jésus et Marie...


Dieu à cœur ouvert...


En jalonnant quelques grandes étapes de la vie du P. eudes, nous avons fait connaissance avec un homme qui est bien de son siècle et de son terroir. Nous avons rencontré un chrétien avec ses faiblesses et sa fragilité. Mais nous avons surtout découvert, en ce petit prêtre normand, un être qui a vécu Dieu à cœur ouvert, un frère qui a ouvert à deux battants son propre cœur à l'immensité de l'amour de Dieu. Ébloui par le mystère de l'Incarnation, par le courage et la splendeur du Oui de Jésus, de Marie, et de tous ceux qui depuis marchent à leur suite, en laissant se déployer leur baptême à même la vie nouvelle dans l'Esprit-Saint, Jean eudes s'est ouvert et exposé pour de bon à la grâce ; et voilà qui a transformé son humanité, son caractère, son psychisme. Mais ce qui l'a façonné, lui, ce qu'il a pressenti et découvert du mystère de Dieu dans ce symbole-source qu'est le Cœur, il n'a pas voulu le garder pour soi : le P. eudes est auteur du culte liturgique des Cœurs de Jésus et Marie, et cela n'est point allé sans quelque inspiration divine (« non sine divino afflatu », selon l'expression de Pie X). Il a fait la preuve qu'il n'est pas de dévotion privée, lorsqu'elle est authentique, qui ne soit digne d'être offerte à tous et, donc, d'être versée au trésor commun de l'Église.

Père, Docteur, Apôtre de la dévotion aux Sacrés Cœurs, Jean eudes, cet homme à la fois solide et vulnérable, qui s'efforce humblement d'ouvrir sa vie à l'amour de Dieu pour accomplir sa très douce volonté[4], cet homme qui trouve sa joie à vivre en Église l'amour filial auquel Jésus nous associe tous, et sa Mère en premier, Jean eudes reste encore aujourd'hui pour nous un frère aîné. Lui aussi a entendu et mis en pratique la parole à jamais étonnante de Jésus : « quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » (Me 3,35).


Joseph caillot c.j.m. (†)
Institut Catholique de Paris

 

[1]J. Caillot, Col., La Spiritualité du Cœur du Christ. Une dynamique de vie face aux défis de demain, La Salle-de-Vihiers, 1996, p. 35-55 (J. Caillot : 1948-2003).

[2]OC désigne les Œuvres complètes de S. Jean eudes, éditées à Vannes entre 1905 et 1911 ; le chiffre romain renvoie au tome, le chiffre arabe renvoie aux pages citées).

[3]On peut ici noter trois autres 25 mars importants dans la vie du P. eudes :
- 25 mars 1624 : vœu de servitude, en usage chez les Oratoriens.
- 25 mars 1637 : vœu du martyre (texte d'oblation person­nelle, que J. eudes signe de son sang).
- 25 mars 1643 : fondation de la Congrégation de Jésus et Marie (cf infra, étape 6).

[4]Voir le portrait dressé par C. guillon en conclusion de son livre En tout la volonté de Dieu, S. Jean eudes à travers ses lettres, Cerf, Paris, 1981, pp. 156-158.

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